Douleurs chroniques

Qu’est-ce que la douleur chronique ?

La douleur chronique est une douleur persistante qui dure depuis plus de trois mois, au-delà du temps normal de guérison. Contrairement à une douleur aiguë (comme une entorse ou une coupure), elle ne sert plus de signal d’alerte pour protéger le corps, mais devient une maladie à part entière. Elle peut toucher n’importe quelle partie du corps, être constante ou intermittente, légère ou intense, et elle impacte souvent de manière significative la qualité de vie et ne répond pas aux traitements classiques. 

Environ 1 personne sur 5 en France souffre de douleurs chroniques, soit plus de 12 millions de personnes.

Existe-t-il plusieurs douleurs chroniques ?

Il existe plusieurs types de douleurs chroniques, selon leur origine :

Douleur nociceptive 

Les douleurs chroniques nociceptives sont causées par la stimulation prolongée de récepteurs spécifiques appelés nocicepteurs, situés dans les tissus du corps. Elles apparaissent généralement en réponse à une agression physique ou une inflammation localisée. 

Cette douleur peut être mécanique, déclenchée par le mouvement (comme une douleur à la hanche en marchant), ou inflammatoire, accompagnée de rougeurs, de chaleur ou de gonflements, comme dans les maladies rhumatismales. 

Ce type de douleur est souvent bien localisé : par exemple, le dos dans les lombalgies, le bas-ventre dans l’endométriose, ou les articulations dans la polyarthrite rhumatoïde. Elle joue un rôle d’alerte, mais lorsqu’elle devient chronique, elle nécessite une prise en charge adaptée.

Douleur neuropathique 

La douleur neuropathique est provoquée par une lésion ou un dysfonctionnement du système nerveux, qu’il s’agisse du cerveau, de la moelle épinière ou des nerfs périphériques. Elle peut apparaître à la suite d’une maladie, persister après une blessure guérie, ou survenir sans cause apparente identifiable.

Cette douleur se manifeste sous des formes variées : 

• des sensations permanentes comme des brûlures ou une sensation de froid
• des épisodes ponctuels tels que des décharges électriques,
• accompagnées parfois de picotements, de fourmillements, d’engourdissements ou de démangeaisons.

Un phénomène particulier, appelé allodynie, fait que des contacts normalement indolores (comme un simple frottement de vêtement) deviennent extrêmement douloureux. Paradoxalement, la zone touchée peut aussi être insensible au toucher ou aux piqûres. 

On estime que 7 % des adultes souffrent de douleurs neuropathiques, souvent difficiles à diagnostiquer et à traiter, mais qui nécessitent une prise en charge spécifique.

Douleur nociplastique 

Les douleurs chroniques nociplastiques résultent d’un dérèglement des mécanismes de régulation de la douleur dans le système nerveux central. Contrairement aux douleurs nociceptives (liées à des lésions des tissus) ou neuropathiques (liées à des atteintes nerveuses), elles ne présentent aucune anomalie visible lors des examens médicaux. 

Ce type de douleur reste encore mal compris, tant dans ses origines que dans son fonctionnement. Parmi les pathologies associées, on retrouve notamment la fibromyalgie, les céphalées de tension ou encore certains troubles fonctionnels intestinaux, qui provoquent des douleurs réelles mais souvent difficiles à objectiver.

Quand la douleur devient chronique, elle perd son rôle d'alarme et devient elle-même une pathologie. Elle envahit le quotidien, perturbe les gestes les plus simples, altère les relations sociales, et a un impact psychologique majeur : découragement, isolement, voire dépression.

Quels sont les symptômes associés à la douleur chronique ?

Les symptômes varient beaucoup selon les individus et les causes, mais on retrouve souvent :

• Douleur persistante (brûlure, piqûre, élancement, tension…)
• Fatigue importante
• Troubles du sommeil
• Anxiété, stress, voire dépression
• Difficultés à accomplir des tâches du quotidien
• Perte de concentration ou de mémoire (brouillard mental)

Comment poser un diagnostic sur la douleur chronique ?

Le diagnostic de douleur chronique repose sur plusieurs éléments :

1. L’écoute du patient : description de la douleur, de sa durée, de son intensité et de son impact.
2. Un examen clinique complet pour repérer d’éventuelles causes physiques.
3. Des examens complémentaires (IRM, prises de sang, électromyogrammes...) si nécessaire.
4. Un parcours pluridisciplinaire : médecins généralistes, rhumatologues, neurologues, psychiatres ou centres de la douleur.

Il est essentiel de ne pas banaliser la douleur : ce n’est pas “dans la tête”, même si des facteurs psychologiques peuvent l’aggraver.

Quelles sont les options de traitement pour les douleurs chroniques ?

Il n’existe souvent pas de remède unique, mais des traitements combinés peuvent améliorer la qualité de vie :

Les approches médicamenteuses

Les antalgiques

Les antalgiques (ou médicaments contre la douleur) sont classés en trois niveaux de puissance :

• Palier 1 : pour les douleurs légères à modérées (paracétamol, ibuprofène, aspirine).
• Palier 2 : pour des douleurs plus fortes (ex. : codéine, tramadol), souvent associés à un antalgique de palier 1.
• Palier 3 : pour des douleurs très intenses ou résistantes (ex. : morphine), prescrits avec précaution via une ordonnance sécurisée.

Les antidépresseurs

Initialement utilisés pour traiter la dépression, certains antidépresseurs sont efficaces pour soulager les douleurs neuropathiques chroniques, souvent en complément d’autres traitements comme la psychothérapie ou les anxiolytiques.

Les antiépileptiques

Certains médicaments contre l’épilepsie (comme la gabapentine ou la prégabaline) sont aussi utilisés pour traiter les douleurs chroniques d’origine neuropathique. Ils doivent être pris régulièrement, sous surveillance médicale, et nécessitent une ordonnance sécurisée.

Les anti-inflammatoires

Ces médicaments agissent sur les douleurs liées à une inflammation.

• AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) : comme l’ibuprofène ou le diclofénac, également antalgiques et antipyrétiques.
• Corticoïdes : comme la cortisone, utilisés pour les maladies inflammatoires chroniques (polyarthrite, Crohn…), uniquement sur ordonnance.

⚠️ Tous ces traitements doivent être prescrits et suivis par un professionnel de santé. L’automédication est déconseillée.

La neuromodulation

La neuromodulation regroupe des techniques qui utilisent de l’électricité pour atténuer la douleur en perturbant les signaux nerveux avant qu’ils n’atteignent le cerveau. Cela se fait soit par stimulation de la zone douloureuse (TENS), soit des trajets nerveux impliqués dans la douleur (neurostimulation). 

Le TENS, un petit appareil relié à des électrodes posées sur la peau, permet de soulager la douleur tout en continuant ses activités. Pour les douleurs plus complexes, comme les douleurs neuropathiques, la neurostimulation médullaire peut être proposée en milieu spécialisé. Ces techniques nécessitent souvent une prescription médicale pour être prises en charge.

Les approches non médicamenteuses

Au-delà des traitements médicaux, de nombreuses disciplines peuvent aider à mieux vivre avec la douleur chronique, en agissant à la fois sur le corps, l’esprit et l’environnement.

• Kinésithérapie : par des exercices et des massages, elle soulage la douleur et préserve la mobilité.
• Activité physique adaptée : encadrée par des professionnels, elle améliore l’endurance et diminue les douleurs, notamment dans des programmes hospitaliers spécifiques.
• Ergothérapie : permet d’adapter son lieu de vie ou de travail pour mieux gérer les limitations physiques ou cognitives.
• Psychothérapie : un accompagnement psychologique aide à mieux vivre avec la douleur et les émotions qu’elle génère. Les psychiatres sont remboursés par la sécurité sociale.
• Médecines douces : ostéopathie, acupuncture, naturopathie, relaxation… Ces techniques peuvent soulager certaines douleurs et améliorer le bien-être global. Certaines sont intégrées dans des parcours de soins spécialisés ou remboursées en partie par les mutuelles.
• Pratiques de gestion du stress : comme la sophrologie, l’auto-hypnose, la méditation ou les exercices de relaxation, elles modifient la perception de la douleur et aident à mieux gérer les émotions négatives.

Ces approches sont complémentaires aux traitements médicaux, et certaines sont prises en charge selon les structures ou le cadre de prescription.

Approche globale :

Les centres de la douleur proposent des parcours personnalisés en associant médecine, psychologie, rééducation et accompagnement social.

Quelles sont les astuces pour mieux vivre avec la douleur chronique ? 

Même si elle ne disparaît pas complètement, il est possible de retrouver un équilibre :

• 🌞 Structurer ses journées : garder un rythme même avec la fatigue
• 💧 Hydratation et alimentation saine
• 🧘 Pratiques relaxantes : méditation, cohérence cardiaque
• 🏃 Activité douce régulière : marche, yoga, natation
• 🗣️ Exprimer ses émotions : parler avec des proches ou un thérapeute
• 📔 Tenir un journal de la douleur : pour identifier les déclencheurs ou les améliorations
• 👥 Se rapprocher de groupes de soutien : on se sent moins seul
   

La douleur chronique est un véritable défi, physique et psychologique. Elle nécessite d’être prise au sérieux, écoutée, et traitée dans sa globalité. Avec un bon accompagnement et des stratégies adaptées, il est possible de retrouver une qualité de vie satisfaisante, pas à pas.

Sources : 

1. Association francophone pour vaincre les douleurs : https://www.association-afvd.com/
2. Santé.fr : https://www.sante.fr/que-faire-quand-la-douleur-devient-chronique
3. HAS : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3412606/fr/un-nouveau-parcours-de-sante-pour-la-personne-presentant-une-douleur-chronique
4. HAS : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2024-07/has-_fiche_douleur_crppi_27022024.pdf